La coupe est l’instrument du forestier pour entretenir et accompagner le développement des arbres.
La tâche du forestier consiste à maintenir une mosaïque d’arbres à des âges différents afin que le couvert boisé soit maintenu aux différents endroits de la forêt. Si tous les arbres avaient le même âge, ils mourraient tous en même temps, et l’avenir de la forêt serait compromis.
C’est l’enlèvement des gros arbres qui va permettre aux semis de se développer ; les gros arbres accaparant l’eau disponible du sol et la lumière au détriment des jeunes pousses.
La forêt, sans l’intervention de l’homme, se renouvelle lors de tempêtes, d’incendies, … Le forestier ne fait ici que reproduire un processus naturel.
La coupe permet d’éclaircir les arbres quand ils sont trop serrés, d’enlever les arbres qui pourraient être dangereux pour le public ou malades, de permettre le développement de l’arbre dans de bonne condition.
Le forestier dose ainsi la lumière, l’eau et les nutriments fournis par le sol.
Le bois rend de multiples services à l'homme : matériau de construction, énergie, ...Il est une des rares ressources renouvelables à échelle humaine. Alors qu’il suffit de 30 à 40 ans pour produire un arbre exploitable, il a fallu plusieurs milliers d'années pour le pétrole.
La régénération des arbres est une étape nécessaire à la pérennité du peuplement
Il faut déjà comprendre que la notion de temps en matière forestière est bien différente de celle de nos sociétés. Pour le forestier le court terme est à 3 ou 5 ans, le moyen terme 20 ans et le long terme 100 ans…
Ce que vous voyez aujourd’hui et qui vous alerte n’est qu’un passage temporaire, une étape nécessaire pour que la forêt soit pérenne. La broussaille que vous voyez est une forêt en devenir… Le paysage est changé bien sûr, mais l’avenir de la forêt est sauf.
Pour mener à bien cette étape de renouvellement de la forêt, durant dix ans les arbres ont été enlevés petit à petit pour éclairer le sol : ni trop car le kermès envahirait tout, ni pas assez car les semis n’auraient pas suffisamment d’eau ou de lumière pour se développer.
La forêt : un éternel recommencement
Il faut retenir qu’au départ on compte des millions de semis sur une parcelle et qu’avec le temps il ne restera au final (au bout de 100 à 200 ans) qu’une centaine de semenciers (les arbres choisis et gardés pour la reproduction).
Le travail du forestier s’inscrit dans le temps : Une forêt est l’héritage de générations de forestiers. Ce que l’ONF fait aujourd’hui s’inscrit dans une perspective à 80 ans, 180, 200 ans. L’Objectif est d’offrir aux générations actuelles et futures une forêt toujours en pleine santé et riche de vie.
Les coupes en forêt : un cycle permanent organisé pour éviter un vieillissement généralisé du massif.
Ne pas renouveler la forêt quand les arbres adultes sont encore capables de le faire c’est prendre des risques.
L’objectif est bien de maintenir un manteau boisé sur l’ensemble de la forêt.
Le plan de gestion fait un diagnostic de la maturité globale de la forêt, et prend en compte à la fois les peuplements adultes mais aussi les zones déjà ouvertes en jeunes semis qui constituent la garantie d’un renouvellement réussi.
Et si les coupes de renouvellement tardent trop, on prend un risque :
- sanitaire d’abord, car les arbres peuvent être touchés par des maladies ou des sècheresses qui vont les fragiliser encore plus l’âge avançant ;
- paysager, ensuite, car si la régénération naturelle ne fonctionne pas il faudra planter ou semer les pins comme cela est déjà arrivé.
La société française et l’État nous demandent : une gestion multifonctionnelle
La gestion multifonctionnelle des forêts est un concept qui n’est pas si simple à mettre en œuvre : remplir sur une même forêt les missions de production de bois et d’approvisionnement de la filière, d'accueil du public, et de préservation de la biodiversité nécessite en permanence d’arbitrer les différentes demandes de la société et des usagers de toutes sortes, tout en composant avec la nature et ses propres évolutions. Car il s’agit de répondre aux besoins actuels de la société dans les domaines économiques, environnementaux et sociaux, tout en préservant la capacité des forêts à répondre aux besoins futurs de la société de demain, en prenant en compte les changements globaux qui toucheront nos écosystèmes.
Le dialogue apparaît ici essentiel pour prendre et faire comprendre les décisions qui sont mises en œuvre, car leurs effets façonnent souvent la forêt sur le long terme : comprendre et accepter ce que l’on voit, tout en imaginant le même espace dans 20 ou 50 ans relève ainsi du défi, dans une société plus tournée vers l’immédiat que la projection dans le temps.
Bien cordialement
Thierry Mamalet |
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